Présidentielle américaine : les jeux sont-ils faits ?

Après les conventions des démocrates et des républicains, à lire la presse française, les jeux sont presque faits. Obama sera réélu car Mitt Romney mène une campagne trop « à droite ». Il y aurait beaucoup à dire sur la méconnaissance de la vie politique américaine en France, où l’on tente trop souvent de calquer des catégories inopérantes. Le bipartisme nous est étranger, ainsi que l’histoire politique américaine. Parler d’Obama comme d’un président « de gauche », c’est aussi aberrant que le traiter de « socialiste » (et certains militants républicains hystériques ne s’en privent pas, ajoutant qu’il est « musulman dans son coeur », tout pour plaire, donc).
Ce qui est certain, en revanche, est que le positionnement de Romney sur les questions de société (en particulier son refus de l’avortement même en cas de viol) et le choix d’un colistier ultralibéral, Paul Ryan, risque de lui aliéner non seulement l’électorat républicain modéré mais aussi le vote de ceux que l’on appelle aux Etats-Unis les « indépendants » – qui votent pour l’un ou l’autre des deux grands partis en fonction de leurs intérêts ou préférences du moment. En réalité, ce positionnement très conservateur n’est finalement que le reflet de la polarisation croissante de la politique américaine. Il pourrait se révéler payant le jour du vote.
Depuis l’élection d’Obama et la montée en puissance du mouvement conservateur et populiste du « Tea Party », il semble impossible aux deux camps de s’entendre et même, parfois, de se parler. Ce n’est pas toujours le cas dans les couloirs de Washington, où le ton est plus policé. La volonté d’Obama de dialoguer avec les républicains s’est heurtée à la radicalisation politique de ces derniers. On se croirait revenu aux heures sombres de la guerre froide ou à la fin de la présidence Carter : l’autre est plus qu’un adversaire. Il est devenu un ennemi. Ce qui peut inquiéter en cas de victoire de Romney mais aussi dans le cas inverse : rien ne dit que la radicalisation de l’électorat républicain ne se poursuivra pas et alors, rendez-vous en 2016…

Agrippine

Laisser un commentaire