La série de l’été, ep. 6 : Les vacances de Mélenchon

mélenchon avion classe affaires

Source: 13h15 le dimanche Fr2, photo gala.fr

Mélenchon se déclare fatigué de la politique, veut se retirer de l’arène politique, mais seulement pour un temps, histoire de réfléchir, de prendre du recul. Mais on imagine mal le meilleur candidat de l’extrême-gauche se retenir longtemps, surtout avec la montée du Front National. Démosthène 2012 a réussi à se procurer son journal de bord à la date du 20 Août et vous en fait profiter.

N.B. Il se pourrait que ces situations n’aient jamais existé et que les personnages cités n’aient aucun rapport avec la réalité.

8h : La politique, j’en ai ma claque. Je fais savoir à ce vendu de Pierre Laurent qu’il ne faut pas compter me revoir avant un bout de temps, car je vais prendre des vacances bien méritées à Hénin-Beaumont. Je compte y passer un mois, un an, cela dépendra de la clémence du climat. Au-dessus de 10°C, j’ai chaud. Je quitte le siège du PCF en gratifiant tout le monde d’un doigt d’honneur. Je n’oublie personne, même pas les agents d’entretien : toujours faire passer l’humain d’abord. J’en ai marre de tous ces bobos parisiens qui disent ne jamais sortir sans un exemplaire du Capital et trépignent d’impatience à la sortie du nouveau Alain Minc. J’ai hâte de voir de vrais gens qui travaillent de leurs mains et font leurs courses chez Lidl.

11h : J’arrive à Hénin-Beaumont en compagnie de mon fidèle Alexis [Corbière, secrétaire général du PG, NDLR]. C’est moins riant que je ne l’imaginais. Alexis me dit que je m’étais présenté ici aux législatives de 2012 (ce dont je n’ai aucun souvenir), ils devraient donc m’acclamer. Apparemment, je ne l’ai pas emporté, et le PS a même gagné de justesse face à la Le Pen. Il y a pire, je pourrais être dans une ville frontiste.

11h30 : Alors que je passais à l’hôtel de ville pour aller serrer la main du maire (toujours l’humain d’abord), je me suis senti oppressé par une ambiance post-1940 assez glaçante. Le maire lui-même ne m’a pas accordé un sourire, j’ai vraiment eu l’impression qu’on ne voulait pas de moi ici.

steeve briois campagne hénin-beaumont front national12h : Je suis révolté. Qu’apprends-je ? Le FN a osé s’emparer au premier tour d’une ville sur laquelle j’avais jeté mon dévolu pendant deux semaines ! Et en y faisant en plus 60% aux européennes ! Mais ce Steeve Briois partira avant moi. Je vais faire une grève de la faim pour faire interdire le Front National dans la ville. J’installe ma chaise longue devant la mairie, m’y enchaîne (j’ai toujours une chaîne sur moi) et attend. Je ne sais pas au bout de combien de temps ils vont craquer. Gandhi avait dû passer près de la mort, j’espère ne pas avoir à poireauter aussi longtemps.

12h30 : La faim commence à me tirailler. J’ai la gorge sèche et des fourmis dans les pieds. Je crois que mes dents se déchaussent à cause du scorbut. J’ai peine à expliquer à la personne qui vient de me donner une pièce que je ne fais pas la manche.

12h40 : Alexis me prévient qu’on a le droit de boire pendant une grève de la faim, et que si mes dents se déchaussent, c’est parce que je les brosse avec du miel. Il est parti acheter une piscine gonflable pour la remplir d’eau : j’espère que ça suffira pour la journée.

13h : J’ai réussi à fédérer autour de moi pas mal de citoyens qui ont voté Front de Gauche aux Européennes. A 9, je pense qu’on fera plier Steve Brivois dans peu de temps.

13h15 : Alexis est revenu avec la piscine et tente de la gonfler depuis dix minutes. C’est ça quand on mange de la viande deux fois par jour, on est tout essoufflé, on n’a aucune force, alors que moi, qui me sers du navet trois fois par jour, je peux siphonner le réservoir de la Mercedes d’un PDG en moins d’une minute. Mais maintenant qu’on a atteint la dizaine de grévistes, on peut aller bien plus loin que ce simple Pete Grivois, on peut bouter le FN hors de la France toute entière et renvoyer la Le Pen à Nuremberg.

13h30 : Martine Aubry passe dans le coin et tient à se joindre à moi pour combattre le FN et « cette bande de branquignols vendue au Medef qu’on appelle gouvernement ». Je suis d’accord, car moi aussi, j’en ai marre de ce pot-pourri de gauchouillards, qui tient bien plus du pourri que du pot.

14h : Ça fait à peine deux heures que je suis enchaîné et je m’ennuie déjà ferme. Je réclame à Alexis des mots croisés. Il me rapporte ceux du Monde et de Libération. J’entre dans une rage meurtrière. Le Monde, ce ramassis de démagos à la solde de milliardaires bien-pensants qui fait son beurre en me cassant du sucre sur le dos ! Et Libération, l’organe officiel de Hollande, avec des journalistes prêts à lui manger dans la main pour garder leur poste ! Ce n’est pas dans les habitudes d’Alexis de s’inféoder au pouvoir en place. Autant qu’il m’abonne tout de suite à Minute, au moins je serais en avance pour 2017.

14h30 et des brouettes : La chaleur insupportable (11°) me fait perdre la notion du temps, je ne sais même plus quel jour on est. Mais je dois me battre pour faire tomber Martine Le Pen. Morano passe par là, apparemment elle a entendu parler de mes exploits et veut se joindre à moi pour combattre le FN « et ces femmes voilées qui dictent leur loi dans l’espace public ». Je suis d’accord, car moi aussi, y’en a marre que la religion nous dise ce qu’on doit faire. La France est un pays laïste, Madame, et pas qu’un peu !

Mélenchon campagne 2012 6e République

Source : udbjeunes.com

15h et des poussettes : J’ai eu une brillante idée (oui encore) : la 6e République, c’est déjà périmé (la preuve, Montebourg y a touché), alors pour remplacer la Ve République, on va faire la VVe République, deux fois plus puissante que la première. On donnera la parole au peuple, et comme j’appartiens au peuple, ça serait pas mal qu’on me donne la Présidence du peuple.

15h20 : Malek Boutin passe par-là, il a entendu parler de ce que je fais (les nouvelles vont vite), et veut aussi protester contre Tartine Le Guen et « cette Nadine Morano trop intolérante envers le Musulmanisme ». Je suis d’accord, car moi aussi, j’en a marre qu’on dise du mal des musulmans à cause de la laïcité. Tout le monde devrait avoir le droit d’être musulman ! D’ailleurs, je vais appeler un rabbin, et il va me faire musulman dès demain.

15h64 : Il fait déjà 22°C et pas un journaleux dans les parages. Alors ça, quand il s’agit de taper sur Mélenchon, y’a toujours du monde, mais pour cracher sur Marty le Renne, personne ! Je serais prêt à mettre ma main à couper au feu qu’en ce moment, il y a un journaleux du Figaro en train de faire la cour à la Marion Maréchal-Pétain. Heureusement, il y a Bayrou qui vient faire la grève contre Marty et « la corruption latente du système bipartisan ». Je suis OK, car moi aussi, en a marre de ces élites à la noix qui veulent pas me laisser entrer chez elles. Mais si moi j’y vais pas, Marty il ira pas non plus.

17h : Je crois que je commence à halluciner, car la pharmacie indique 132°C, et il fait bien plus chaud que ça. Robert Hue arrive sur un renne au galop et m’emmène sur une plage. Au loin, Hollande et Valls sont sur un bateau. Mais aucun des deux ne tombe à l’eau. Au contraire, ils foncent à toute vapeur et s’encastrent dans le paquebot Front de Gauche, qu’ils font couler. A côté de moi, Robert est devenu blonde et chante In the Navy. C’est Gerbille Duflot qui me tire de mon cauchemar à grands coups de claques. Elle aussi veut gueuler contre le truc que je n’aime pas et « pour soutenir l’écologie ». C’est tout bon Gaston, car moi aussi, je me marre qu’on ne respecte pas l’écologie, quoi que ça signifie.

L’heure qui vient après 17h : J’en ai ma gifle. Slip Bavarois vient de sortir de ses bureaux de grand monsieur, et il a l’air de s’être empiffré de choucroute granny. Hollande, Sarkozy, Ayrault, les bonnets rouges, les gilets verts et antipasti, tout le monde vient arrêter de manger avec moi. La brasserie Chez Lulu me fait de l’œil avec ses assiettes de frites grasses comme des cadres de l’UMP. J’ai faim, j’ai chaud, je suis à deux doigts de m’évanouir de fatigue dans la piscine d’Alexis. La place de la mairie croule tellement sous les affamés que nous débordons dans les rues adjacentes.

Le candidat à la primaire PS Arnaud Montebourg et Jean-Luc Mélenchon du Front de Gauche le 17 septembre 2011 à la Courneuve

Source : afp.com/Jacques Demarthon

Fin de journée : Alors que j’entrevois la lumière, Montebourg m’extirpe de la foule : on ne peut même plus mourir tranquille ici. Il veut qu’on combatte Listerine Miguel ensemble, et qu’on fasse une 6e République. Je l’invite à prendre ma place et à la faire tranquillement assis de son côté. Je retourne à Paris, m’empiffrer à l’épicerie du Bon Marché, car moi aussi, marre de combattre les imbéciles, ça ne remplit pas les assiettes.

Scipion

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