Critiques de livres

Cécile Duflot raconte ses deux années passées au ministère du Logement et porte un regard critique sur la politique de François Hollande. Un point de vue personnel, intéressant et franc sur les origines de la désillusion : conseillé.

Christophe Guilly analyse la fracture entre les villes et leurs marges urbaines, les stratégies résidentielles du nouvel exode citadin, la manière dont on a « oublié » ces classes populaires et le lien avec le vote Front National.

Alain Juppé fait un état des lieux de ce qui ne fonctionne pas dans l’école aujourd’hui et tente d’y apporter des solutions. Le premier de ses quatre livres programmatiques en vue de la présidentielle de 2017. Une analyse complète, des propositions intéressantes, un vrai engagement sur le sujet : conseillé.

Dans ce livre d’entretiens autobiographique, ce spécialiste original de l’islam politique raconte ses liens avec le monde musulman et développe son analyse de l’islamisation de la radicalité.

Dans cette bande-dessinée au style photo-réaliste, François Durpaire imagine les premiers mois de Marine Le Pen à la tête de l’État français. S’appuyant sur des expertises, il explore les conséquences économiques, sociales et géopolitiques de l’élection de la présidente du Front National avec l’histoire d’une famille de « résistants » en toile de fond. Un exercice intéressant, bien documenté, mais qui n’évite malheureusement pas les clichés et demeure desservi par ses dessins : pourquoi pas.

Avec le style qu’on lui connaît, Christiane Taubira revient sur les doutes identitaires qui assaillissent une France en proie au risque terroriste. Malgré une véritable âme et un morceau de bravoure sur la déchéance de nationalité, l’aspect littéraire prend le pas sur l’aspect politique, rendant difficile d’accès un ouvrage nécessaire : pourquoi pas.

  • Ne vous résignez pas, de Bruno Le Maire : partie 1 (la forme) et partie 2 (le fond)

Dans ce livre de candidature, Bruno Le Maire expose sa vision du renouveau de la France, pose les jalons de son programme et appelle les citoyens à prendre leur avenir en main. Une véritable purge, où les apparences de modernité cachent mal des propositions bancales croulant sous des généralités affligeantes, dans un style lénifiant destiné à faire mousser un Bruno Le Maire confit de sa propre importance : fortement déconseillé.

Jacques Attali, avec le comité France 2022 rassemblant des citoyens d’horizons divers, énonce un programme complet en vue des élections présidentielles. Les idées classiques concernant la formation ou les affaires internationales, apparaissant dans quasiment chaque ouvrage d’Attali, sont encore présentes. Mais il livre une analyse détaillée de la situation actuelle et s’essaie à un exercice politique difficile avec succès : conseillé.

Le jeune conseiller économique d’Alain Juppé se livre à l’exercice de la critique détaillée du programme du Front National, d’un point de vue libéral, européiste et breton. Un travail sérieux qui, malgré quelques trouvailles, ne touchera sans doute que les juppéistes et manquera globalement son objectif de faire reculer le parti de Marine Le Pen : pourquoi pas.

Historien du Front National, Nicolas Lebourg publie une réponse à dix personnages-électeurs du Front National illustrant différents raisonnements électoraux. Si l’ouvrage apporte un éclairage historique et sociologique intéressant sur le parti de Marine Le Pen, son objectif flou, sa critique très timide du Front National et son analyse du système politique assez indéterminée en font un essai politique manqué : décevant.

Ancien maire Les Républicains du Havre et Premier Ministre d’Emmanuel Macron, Edouard Philippe propose à la fois un récit de famille, un hommage à son père, une analyse politique, une réflexion sur une politique publique et une plaidoirie pour la lecture. Ponctué d’anecdotes peu intéressantes, parfois maladroit, péremptoire et souvent convenu, ce livre parvient néanmoins à dégager une pensée intéressante, ainsi qu’une sincérité et une passion trop rares dans le milieu politique médiatique auquel son auteur appartient désormais : pourquoi pas.

Les Pinçon-Charlot, couple de sociologues, mènent l’enquête dans le XVIe arrondissement de Paris qui accueille son premier centre pour sans-abris, ce qui n’est pas du goût de certains habitants bien décidés à conserver leur entre-soi grand-bourgeois. Malgré les dessins intelligents d’Étienne Lécroart, le travail des Pinçon-Charlot est à contre-courant de ce que devrait être une enquête sociologique et consiste simplement à se lancer dans de grandes diatribes sur la domination de classe et à caricaturer leur objet de recherche, dont le ridicule se suffisait pourtant à lui-même : plutôt déconseillé.

Barbara Lefebvre, enseignante en Histoire-Géographie, livre un constat sans appel sur l’état de l’école publique française et pointe du doigt les « pédagauchistes » responsables de cette faillite. Enchaînant les généralités abusives, les propos essentialisants et les vindictes réactionnaires sur un ton pamphlétaire, ce livre à la lecture pénible donne plus à voir des rancœurs personnelles et idéologiques qu’une réflexion profonde sur l’Education Nationale : fortement déconseillé.

Jean Quatremer, correspondant à Bruxelles de Libération, fait une revue critique de l’état de l’Union Européenne et répond ainsi aux critiques des eurosceptiques en pointant les réels problèmes de la construction européenne, et en premier lieu le manque de courage et de volonté des Etats souverains. Une critique intelligente et souvent très fine qui permet de faire avancer un débat public malheureusement bloqué par les débats stériles sur la présence de la France dans l’UE : fortement conseillé.