Avec toutes les tuiles qui tombent sur l’UMP et son gourou retraité depuis 2012, on peut légitimement se demander si le principal parti d’opposition passera l’année et sera en mesure de fêter en Novembre son 14e anniversaire. Avec les nombreux déboires de Nicolas Sarkozy (financement de 2007 par Kadhafi, affaire Bettencourt, affaire des sondages ou indirectement affaire Guéant), avec la lutte des chefs, les comptes malmenés par la campagne de 2012 et plus récemment avec l’affaire Bygmalion, le parti se tient très loin d’une vague bleue, tout juste peut-il espérer dépasser le PS aux municipales et le FN aux européennes. Si l’on prend comme référentiel l’élection de 2007, le PS aussi était mal en point, avec la guerre Aubry-Royal. Pourtant le parti, qui est quasiment son symétrique de gauche, a largement redressé la barre, avec un discours cohérent et un ordre de marche minutieux réglé par la maire de Lille, au point de reconquérir 17 ans après le départ de Mitterrand, le poste le plus convoité de la République. Reste à savoir si l’UMP saura s’en inspirer ou passera l’arme à gauche.
Disons-le clairement, le parti de droite ne fait plus rêver quiconque, comme c’était le cas en 2007 avec Sarkozy, même si certaines personnes quelque peu âgées se mettent toujours sur son chemin dans ses déplacements dans l’espoir de pouvoir effleurer sa veste. Si tant est que ce soit l’UMP qui ait fait rêver et pas le candidat et ex-ministre de l’Intérieur, dont l’image n’est pas strictement superposée à celle de son parti, son éventuel retour faisant même peur à certains membres hauts placés. Malgré les nombreux boulets qu’il traîne, et dont statistiquement au moins un doit être justifié, il avance toujours, plaçant des leurres derrière lui ayant pour nom Guéant ou Woerth. Peut-être est-il blanc comme neige: après tout ses collaborateurs ont pu agir frauduleusement dans son dos, l’élite gaucho-juridique a pu monter cela de toute pièce car elle n’aime pas son éclat, et il n’a jamais été condamné. Mais l’accumulation de dossiers donne l’impression qu’un panneau lumineux indiquant « truand » le suit partout de près. On peut déjà mettre un cause le retour de Sarkozy (dont la volonté n’est plus à démontrer), retour qui, affublé d’une victoire en 2017 sauverait l’UMP pour encore 5 ans. Mais le charisme de celui qui a échoué à guérir la France de la crise peine à dépasser les frontières des sympathisants, et son image ternie devrait lui faire rater de nouveau le coche. Cela sonnerait comme la crevaison du pneu de secours.

Source: Les Guignols de l’info
Les plus sarkozystes voudraient lui faire sauter le stade de la primaire (car il est tellement soutenu par le peuple qu’il est au-dessus d’une confirmation du peuple), et ce souhait nous amène au deuxième problème UMPesque: le déficit démocratique. La guerre des chefs semble s’être déportée du poste de Président de parti à celui de Président de la République. Oubliés les votes d’outremer non comptabilisés, les nouvelles élections de Septembre 2013, JFC s’est installé par consentement de l’ancien Premier Ministre, sentant peut-être les ennuis de la charge arriver. Il restera du feuilleton un arrière-goût amer pour les adhérents et au mieux de la consternation pour les autres. Sur le site u-m-p.org, si quelques photos centrales montrent l’union et la franche camaraderie, la plupart mettent en scène Copé: Copé a dit ceci, Copé était invité sur telle chaîne, Copé dénoncent les atermoiements de la gauche, etc. Sur le site du PS par exemple, les premières photos montrent surtout Harlem Désir, mais les suivantes laissent place à la diversité des personnalités socialistes. L’UMP est bien trop personnalisée, n’a pas abandonnée la vieille figure gaulliste de l’homme de la situation. Le déphasage du parti avec son époque peut à terme lui faire perdre des points. Les partis survivent généralement toujours aux guerres d’egos, en sortent rarement indemnes, mais un souffle démocratique sur le mode de la primaire socialiste de 2011 permettrait de le re-légitimer et de le redresser.

Source: u-m-p.org
C’est sur le site de l’UMP qu’on peut apercevoir le 3e problème: un déficit d’idées et un excédent de superficialité dans ses prises de position. L’UMP se décrit comme l’union des sensibilités de droite et du centre(-droit): gaullistes, démocrates-chrétiens, libéraux, etc. Si le centre-droit, incarné par l’UDF auparavant, a été réduit à peau de chagrin, il peut très bien revenir sur le devant de la scène en raison de la droitisation constante du parti et des dissensions toujours plus fortes en son sein. La « galaxie UMP » (nom d’une rubrique du site, où on apprend notamment que le site du Parti Populaire Européen « gravite » autour de celui de l’UMP, tout comme « Avec le Président Chirac ») est plus composite qu’autre chose. Mais c’est à peine si ces différences se remarquent, car elle est bien plus occupée à s’opposer automatiquement au gouvernement qu’à proposer des idées. Elle réussit la formidable entreprise de gonfler le mécontentement populaire sans que cela ne lui profite. Si la plupart des démocraties ont un grand parti de gauche et un de droite, c’est pour alterner entre les deux, et que quand un camp a épuisé son capital électoral en gouvernant, l’autre prenne la relève en séduisant la population avec un programme et des promesses. Les partis en dehors de la majorité ne doivent pas se positionner davantage comme une opposition que comme une alternative. L’UMP réussit même à se trouver d’autres adversaires, en la Justice et en les médias, deux institutions censées être indépendantes du gouvernement (on ne peut au moins pas en douter pour Le Point). Elle fait fort en termes de manipulation, en réussissant à détourner l’attention de Bygmalion au profit de supposées écoutes politiques taubiresques (et ça marche !). Une attitude assurément lamentable.
A quoi peut-on s’attendre l’UMP pour la suite ? Sa fin paraît peu probable car trop brutale pour un parti inévitable sur l’échiquier français. Au pire, sa lente agonie, avec une fuite des adhérents et des pontes, tantôt fondant leurs partis à sa droite ou à sa gauche, tantôt prenant leur carte à l’UDI ou au FN, ne laissant plus que Copé et Fillon entraînés dans un concours d’inepties. Si la structure idéologique des électeurs français reste la même, on aboutira toujours à un grand parti de droite. Mais si elle change, avec par exemple une hypertrophie à l’extrême-droite, ça pourrait bien être la fin des haricots et faire le jeu du FN. Tout cela ne tient qu’au bon sens des hauts gradés de l’UMP, que la plupart ont égaré il y a bien longtemps.